La certification « bio » prise en charge par l’état marocain ?

Malgré une expansion annoncé du bio à l’export, les petits producteurs peinent à prendre le train en marche. Fattouma Djerrari Benabdenbi, fondatrice d’Espod, nous en parle.

Quelle est la situation actuelle du bio au Maroc ?

Le bio à l’export représente la part la plus importante du marché par rapport à la production et à la consommation. De nombreuses entreprises ont leurs clients potentiels à l’étranger.

Mais pour le moment, le plus important n’est pas que l’export. C’est le bio local. Ça doit être une production dédiée au national, car le bio protège la santé des Marocains ainsi que les ressources naturelles, il assure une sécurité alimentaire… tout cela est très important. Sans parler de l’employabilité du monde rural, il y a un immense potentiel chez les petits producteurs, 70% de la production agricole provient de chez eux. Aujourd’hui, si on continue à mettre les petits paysans dans la politique de la grande production conventionnelle, eh bien, ils sont perdus, car premièrement, ils n’ont pas les moyens de suivre et deuxièmement, le marché reste très faible. La seule chose qui reste à faire c’est de les convertir au Bio. C’est une condition sine quanone pour maintenir l’Agriculture au Maroc comme un phare d’économie nationale.

Malgré ce potentiel, le Maroc est encore très loin des chiffres internationaux, que faut-il faire ?

Le premier produit à l’Export en bio, c’est « l’Arganier » et tout produitt issu de celui-ci. Il faut Penser sérieusement à cette filière. Sachez que le Maroc est leader mondial, nous sommes les seuls à avoir plus de 20 millions d’arbres sur 800 000 hectares, en plantation spontanée. Si nous somme leader mondial, logiquement on peut transformer cette production en bio, intégrant l’élevage, les déchets, le recyclage des peaux qui finissent en zellige, décoration, façades… il s’agit d’unités de production très intéressantes pour la construction entre autres. Et ensuite vous avez la graine elle-même qui donne de l’huile cosmétique et alimentaire. Nous avons aussi le marché des plantes aromatiques, plus c’est bio est mieux, il suffit juste de tout certifier, et nous deviendrons parmi les premiers producteurs avec une surface importante au niveau mondial. Nous ne serons plus à près de 1000 hectares de bio, mais à des milliers, et nous deviendrons une source leader au marché international.

Mais cette certification est trop chère pour les petits producteurs, une aide est-elle prévue pour eux ?

La loi est passée. Actuellement il suffit simplement de définir les modalités d’application. Comme pour l’aide dédiée au goutte-à-goutte, il est prévu que la certification soit prise en charge par l’état jusqu’à hauteur de 90%. Les petits producteurs n’auront donc pas grand-chose à payer. Mais ce qu’on ne dit pas, c’est que pour que les petits producteurs se mettent en bio, il faut un accompagnement. Il ne s’agit pas d’un accompagnement en terme de formation, c’est aussi la transformation du produit. Actuellement, l’argan part sous forme d’huile en vrac, cette huile elle permet de créer des unités de production dans d’autres pays leur permettant ainsi de devenir de grands producteurs de produits transformés à base d’argan, alors que le Maroc est premier producteur, pourquoi ne pas devenir premier transformateur. On n’a pas besoin d’aller chercher ailleurs, l’arganier peut créer de nombreux emplois dans la recherche, le développement, l’industrie, l’agro-industrie, et j’en passe. C’est une grande économie locale.   

Article paru sur « Economie Entreprises« 

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