Pour la première fois au monde, des chercheurs de Wageningen ont pu extraire des feuilles de tomates une protéine de grande importance, la RuBisCo. C’est la protéine la plus abondante de la biomasse végétale. Il s’agit d’une enzyme qui a un rôle clé dans la régulation de l’activité photosynthétique.
La méthode qu’ils ont utilisée est similaire à celles qu’ils avaient précédemment développées pour extraire la Rubisco d’autres résidus de cultures. L’application à grande échelle de ce procédé permettra d’augmenter la disponibilité des protéines d’origine végétale et contribuera ainsi à un approvisionnement alimentaire durable pour la population mondiale croissante. Ce qui permettra également d’accélérer la transition vers un régime alimentaire plus végétal.
L’étude pilote était basée sur une méthode d’extraction de la Rubisco des feuilles de betterave à sucre. Les scientifiques ont cherché à savoir s’ils pouvaient utiliser cette méthode pour éliminer également la toxine hydroxytomatine des feuilles de tomates. Ils ont ainsi obtenu une poudre de protéines de grande valeur, exempte de toxines.
Cette même méthode pourrait également convenir pour extraire la rubisco des feuilles d’autres cultures vivrières. Les feuilles de pommes de terre et de manioc, par exemple, contiennent également des toxines et, comme les feuilles de tomates, elles sont donc impropres à la consommation directe.
La chef de projet Marieke Bruins explique que « leur méthode filtre les composants qui sont plus petits que la protéine qu’ils veulent extraire, et cela inclut de nombreuses toxines ». « Leur étude prouve qu’il est possible de réaliser des gains substantiels en matière de durabilité en faisant un meilleur usage du matériel végétal déjà disponible.
Les chercheurs espèrent travailler avec le secteur privé pour développer davantage la technologie et l’appliquer à l’échelle industrielle. « Cela pourrait signifier travailler avec des entreprises d’horticulture en serre, ou des entreprises qui utilisent des protéines végétales comme intrants. Il pourrait s’agir de producteurs de produits laitiers et de substituts de viande », explique M. Bruins.
Résidus de cultures
La récolte des cultures alimentaires entraîne la production annuelle d’environ 40 tonnes (pour la betterave sucrière) à 50 tonnes (pour les tomates) de résidus de culture par hectare. Ces résidus sont composés de feuilles et de tiges. Les feuilles sont soit réinjectées dans le sol en tant qu’engrais, soit compostées, deux utilisations des résidus à faible valeur ajoutée par rapport à l’extraction de protéines pour la consommation humaine.
La Rubisco
La Rubisco, ou Ribulose-1,5-biphosphate carboxylase oxygénase, est une enzyme cruciale dans la photosynthèse. On la trouve donc dans toutes les feuilles de toutes les plantes vertes de la planète, souvent en quantités considérables. Dans sa forme pure, la Rubisco a un arôme, une couleur et une saveur neutres, et un bon équilibre des acides aminés essentiels. Elle possède également de bonnes propriétés de gélification. Cela fait de la rubisco une protéine très utile pour la transformation en substituts de viande et en substituts de produits laitiers à base de plantes, par exemple pour apporter une » bouchée » ferme ou une meilleure sensation en bouche. Elle constitue également un bon substitut d’œuf dans les produits alimentaires.
Source : WUR