Le miellat est une solution sucrée produite par plusieurs types d’insectes, en particulier ceux qui se nourrissent en insérant leur trompe dans les vaisseaux du phloème d’une plante. Ces vaisseaux transportent des sucres dissous et d’autres nutriments dans toute la plante, et les insectes suceurs utilisent leurs pièces buccales en forme d’épi pour accéder au flux de friandises.
Curieusement, lorsqu’un insecte pénètre dans le liquide et commence à le sucer, la pression élevée dans le vaisseau phloème fait sortir de l’anus de l’insecte une grosse gouttelette de miellat. Il s’agit d’une source de nourriture précieuse pour d’autres insectes, dont différentes espèces de fourmis.
Bien que la composition chimique du miellat ait été étudiée du point de vue de sa valeur nutritionnelle pour les fourmis et les autres espèces qui s’en nourrissent, la nature des composants volatils (ou odorants) n’a pas été étudiée. Il est possible que les odeurs des sécrétions de miellat soient utilisées par les insectes pour communiquer entre eux, notamment au moment de la reproduction.
Une nouvelle étude, publiée dans Frontiers in Insect Science, a montré que le miellat produit par les lanternes tachetées donne naissance à de nombreuses molécules organiques aéroportées qui sont attractives pour les autres membres de l’espèce et jouent probablement un rôle important dans le comportement des insectes.
Le fulgore tacheté (Lycorma delicatula) a été introduite par inadvertance aux Etats-Unis depuis la Chine. Il s’agit d’une espèce invasive qui se nourrit d’un large éventail d’arbres fruitiers, ornementaux et ligneux.
La première étape de la gestion de tout ravageur consiste à comprendre sa biologie et son comportement. Il semble que le fulgore tacheté ait un comportement plutôt inhabituel qui pourrait s’avérer une vulnérabilité.
Les chercheurs se sont demandés si le miellat excrété en grandes quantités ne contenait pas des substances sémiochimiques, des phéromones qui transmettent des signaux aux fulgores et modifient leur comportement. Lors d’études précédentes, les résultats ont permis aux chercheurs de conclure que les phéromones étaient effectivement impliquées dans l’attraction des insectes.
Pour savoir si le miellat contient des composants comportementaux actifs susceptibles d’influencer le comportement des lanternes, les chercheurs ont prélevé des échantillons de miellat séparément sur des lanternes mâles et femelles sur le terrain, pour les tester en laboratoire. Ils ont constaté la présence de nombreux composés sémiochimiques, dont quatre cétones, six esters et trois alcools, tous présents chez les deux sexes mais dans des proportions différentes.
Les résultats obtenus ne sont que les premières étapes d’une meilleure compréhension de la manière dont on pourrait éventuellement lutter contre ce parasite envahissant. Les auteurs suggèrent que leurs résultats peuvent aider à développer des mesures de contrôle non insecticides, comme le développement de leurres sémiochimiques pour détecter la présence de la mouche lanterne, ou à utiliser comme outils de piégeage de masse.