Considéré comme le plus grand et ancien rucher collectif du monde, le rucher traditionnel d’Inzerki, à 80 km au nord d’Agadir, n’a pas échappé au phénomène d’effondrement des colonies d’abeilles qui sévit au Maroc.
Le phénomène d’effondrement des colonies d’abeilles dans certaines régions du Maroc a suscité de grandes interrogations et inquiétudes. A Inzerki, le phénomène n’est pas nouveau mais d’une grande ampleur cette année, à cause d’une sécheresse exceptionnelle, explique Brahim Chatoui, apiculteur et président de l’association Taddart Inzerki pour le développement et la coopération.
Cette commune rurale, située à 80 km au nord d’Agadir, abrite le plus grand et ancien rucher traditionnel du monde, datant du XIXe siècle. Appelé également Taddart Ouguerram (« le rucher du Saint »), il se dresse sur une colline ensoleillée au milieu de la réserve de biosphère de l’arganeraie. Il compte près de 4.000 ruchers cylindriques façonnés avec des matériaux locaux (pierre, terre et bois en assemblage à base d’argile).
Perché à près de 1.000 m d’altitude, le rucher d’Inzerki profite des rayons du soleil et d’une flore très riche en fleurs, en arbres et autres plantes médicinales comme le thym et la lavande. Il représente une source de revenus pour quelque 42 familles, mais les conditions climatiques, qui se dégradent d’année en année, les poussent à abandonner leur activité.
On assiste ainsi à une disparition progressive des abeilles, qui vivent au rythme de la saison. Ce déclin est causé par la raréfaction des fleurs, source d’alimentation et de pollinisation, estime Brahim Chatoui. La durée de vie des abeilles ne dépasse pas 40 à 50 jours, celle de la reine pouvant atteindre 4 à 5 ans, précise-t-il.
Interrogé sur les pertes enregistrées au niveau de son activité, cet apiculteur, riche de 22 ans d’expérience, déplore une triple perte. Au-delà du déclin de 40 colonies cette année (contre 100 en 2019, le phénomène n’étant pas nouveau chez les apiculteurs du Sud), notre interlocuteur évoque une perte de la période de ponte (février, mars, avril), caractérisée cette année par l’absence de couvin, induisant ainsi la mort des colonies. S’y ajoute également la baisse de la production.
Malgré le peu de ruches actuellement en activité, les dernières pluies insufflent de l’espoir. « La floraison et la reproduction reprennent », souligne Brahim Chatoui.
Au niveau national, les investigations préliminaires menées par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) sur 23.000 ruches, dans différentes régions, ont conclu à l’atteinte de 36% des apicoles enquêtés, excluant la piste de la maladie.
Pour s’attaquer à ce phénomène, le gouvernement avait annoncé un plan d’urgence d’une enveloppe de 130 millions de dirhams. Il ne semble cependant pas encore généralisé. Notre interlocuteur affirme en effet n’avoir rien reçu, tout comme les autres apiculteurs de sa commune. Brahim Chatoui n’a pas déserté les lieux. D’après lui, ses camarades d’apiculture envisageraient de revenir s’il y avait plus d’eau et de nourriture pour les abeilles.
Source : Médias24