En considérant le rayonnement solaire global, le potentiel de production des tomates peut-être plus ou moins élevé en fonction de la disponibilité de la lumière. Si la charge en fruits est trop grande, le rendement total sera le même, mais le calibre des fruits sera plus petit. Il est donc important d’ajuster la charge en fruits en fonction de la lumière disponible pendant les jours courts et du calibre désiré à la récolte.
Il peut être intéressant de réduire la densité des plants afin d’utiliser plus efficacement la quantité de lumière disponible pendant les jours courts. En effet, la réduction de la densité (jusqu’à 25%) est bénéfique et n’affecte généralement pas la productivité. Avec 50 à 55 cm de distance entre les têtes, la pénétration de la lumière est optimale et les plants sont plus efficaces à transformer cette lumière en fruits. Il y a aussi beaucoup moins de compétition pour la lumière entre les plants, ce qui donne une croissance plus uniforme sur l’ensemble de la culture.
Pour passer à une telle densité, il est nécessaire d’étêter environ 1 plant sur 5 sur chaque ligne. Les plants étêtés doivent être abaissés plus bas que les autres afin de maintenir la même hauteur de récolte que les autres. Lors de l’effeuillage, il est recommandé aussi de traiter les plants étêtés différemment pour ajuster l’équilibre feuilles/fruits.
Quels sont les avantages de réduire la densité :
- Les plants restants reçoivent plus de lumière et restent naturellement plus génératifs.
- Il est aussi plus facile de maintenir une bonne vigueur et d’obtenir des bouquets forts (ce qui est encore plus important pour la récolte en grappe).
- La nouaison des fruits est meilleure, ce qui donne des fruits de meilleur calibre et de qualité supérieure. Donc, les rendements totaux ne sont pas affectés.
- En réduisant la surface foliaire de la serre, la production d’humidité est réduite ce qui permet un meilleur contrôle des maladies fongiques.
- Les coûts de main-d’œuvre sont diminués, car il y a moins de plants à entretenir (effeuillage, ébourgeonnage, palissage…)
Les conditions climatiques qui caractérisent les jours courts et qui ont une influence sur la culture de tomate :
La durée du jour est raccourcie. Le rayonnement diminue et non seulement la quantité de rayonnement solaire diminue, mais la pénétration de la lumière à l’intérieur de la serre est aussi réduite. D’autre par, à cause de l’espace occupé par une grande quantité de racines (actives et mortes), les propriétés physiques (capacité de rétention en eau et macroporosité) du substrat de culture sont modifiées.
Les nuits sont également plus froides et l’aération des serres est moins importante, ce qui donne un taux d’humidité plus élevé dans les serres. Globalement, les conditions environnantes sont plus propices à l’apparition des maladies fongiques et orientent les plants de tomate vers un comportement végétatif.
L’état des plantations précoces ayant évolué au cours de la saison, les tiges sont assez longues, le système racinaire est plus âgé et moins « actif » qu’en début de culture. De manière générale, les plantes répondent plus lentement aux changements climatiques et sont moins vigoureuses.
La conduite de culture pendant les jours courts vise les objectifs suivants :
- Conserver la vigueur nécessaire pour former des fruits de bonne qualité.
- Maintenir un bon équilibre entre le développement génératif et végétatif
- Maintenir un taux de croissance régulier.
- Prévenir la menace des maladies fongiques.
Bonnes pratiques de conduite en jours courts
– Il faut modifier le ratio feuille/fruit pour s’ajuster à la baisse de la radiation. C’est le temps de passer à un objectif de +ou- 15 feuilles par plant. Pendant les jours courts, il est souvent bénéfique d’enlever des feuilles intermédiaires plutôt que de toutes les enlever dans le bas des plants. La pénétration de la lumière dans tout le couvert végétal est grandement améliorée.
– L’effeuillage dans l’apex des plants peut aussi être pratiqué pour stimuler le développement génératif des plants. La modification de l’effeuillage peut avoir un impact négatif sur l’éclosion des auxiliaires de lutte biologiques, il faudra alors compenser par des introductions plus importantes.
– La densité devrait être réduite car une trop forte densité affecte la vigueur des plants, le calibre et la qualité des fruits. La pénétration de la lumière et le mouvement de l’air dans la culture seront bien meilleurs avec une faible densité de tiges. C’est bon pour le grossissement des fruits et pour réduire les maladies fongiques.
Prévenir les problème phytosanitaires
La gestion de l’humidité est le point clé de la prévention des problèmes fongiques. Il faut éviter à tout prix la condensation, les ambiances trop humides pendant la nuit, l’air stagnant à la base des plantes et les journées où les plantes restent inactives.
Si l’Oïdium infecte les plants, il faut poursuivre rigoureusement et même renforcer l’application des fongicides. Quant au Botrytis, il est important de bien inspecter les blessures d’effeuillage, les bouquets vides laissés sur les plants et nettoyer tous les chancres le plus rapidement possible.
Dans un tel contexte climatique, les aleurodes peuvent facilement prendre le dessus sur les auxiliaires, et dans les mois qui vont suivre, les problèmes vont commencer. Il est recommandé d’introduire plus d’auxiliaires dans les semaines qui suivent pour que la lutte biologique fonctionne.
Adapter la conduite de culture pour réduire le Botrytis
La présence de quelques tissus de plantes présentant des spores de Botrytis dans une serre est largement suffisante pour infecter toute une culture. Dès les premiers signes, il est prioritaire de tout mettre en œuvre pour limiter la dispersion des spores.
Le Botrytis a la capacité d’infecter la tomate et de demeurer latent (sans symptôme externe) pendant un certain temps. Dès que les conditions seront propices pour son développement, les symptômes vont devenir visibles. Il est donc crucial d’agir rapidement.
Le nettoyage des chancres sur les tiges et l’application de fongicides vont permettre de limiter les dégâts. Mais, c’est vraiment en adaptant la conduite de culture que l’on pourra contrôler efficacement le Botrytis.
Voici quelques recommandations :
- Effeuiller en début de journée. Mais, il faut toujours attendre que les plants transpirent. Il est recommandé de s’arrêter suffisamment tôt avant le coucher du soleil pour que les plaies puissent s’assécher avant la nuit.
- Éviter les situations climatiques qui causent une forte pression à l’intérieur des vaisseaux de la plante (forte pression racinaire). Cette pression se crée lorsqu’une plante ne transpire pas ou très peu et qu’elle absorbe quand même de l’eau par ses racines.
Explication : l’eau cherche toujours à sortir par les stomates au niveau des feuilles et par les blessures. Si les stomates sont fermées, l’eau emprunte d’autres voies de sortie comme les blessures de plaies d’effeuillage et de taille de la grappe ou encore les hydathodes (pores localisés sur le contour des feuilles responsables du phenomène de guttation). Lorsque la gouttelette d’eau sort partiellement de ces plaies, elle capte les spores de Botrytis qui sont dans l’air. Dès que la plante se met à transpirer, elle « ravale » cette gouttelette chargée de spores et le Botrytis peut se développer bien à l’abri à l’intérieur des tissus de la plante.
- Irriguer plus tard en matinée lorsque le plant a commencé à transpirer et terminer plus tôt en évitant que le substrat soit gorgé et que le plant soit « congestionné » d’eau le lendemain matin.
- Conserver moins de feuilles par plant et ne pas laisser de feuilles au sol.
- Garder la surface du sol la plus sèche possible, éviter les fuites d’eau (lignes d’irrigation) et l’écoulement d’eau dans la serre.
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