Malgré les difficultés liées à la pandémie et aux coûts logistiques en hausse, la campagne d’exportation des agrumes reste sur une trajectoire jugée prometteuse.
Selon l’interprofession de la filière agrumicole, « le volume » exporté au 18 novembre est en augmentation de 11.000 tonnes, par rapport à celui réalisé à la même période lors de la campagne 2020-2021, soit 104.000 tonnes contre 93.000. «Et ce, malgré un retard d’une semaine dans la maturité des petits fruits d’une semaine», est-il précisé.
Par ailleurs, les prix réalisés sont jugés satisfaisants, voire intéressants dans la mesure où ils compensent quelque peu le manque à gagner résultant des frais d’approche et des intrants utilisés pour la logistique.
Pour le moment, aucune indication ne filtre du côté de l’organisme en charge de la coordination, quant à la répartition des sorties par destination et variété, mais tout prête à croire que l’essentiel est constitué de la clémentine, et est écoulé sur les marchés de l’Unioneuropéenne.
On peut noter une baisse de l’offre concurrente actuellement sur ces marchés. La production espagnole affiche cette année un retrait estimé à près de 5%, et les autres origines, notamment turque et égyptienne, sont également confrontées aux difficultés liées aux coûts supplémentaires de logistique.
Mais cette conjoncture favorable sera-t-elle durable ? Les réponses recueillies restent prudentes.
D’abord, du fait de l’accélération des expéditions attendue dès la fin de ce mois. Ensuite, en raison du problème d’indisponibilité et de cherté du transport maritime, en particulier pour les petits et moyens exportateurs. D’autant plus que la clémentine de Berkane est en phase de démarrage.
Pour rappel, l’essentiel de l’export de cette région est généralement écoulé sur le marché nord-américain.
Or, pour l’interprofession agrumicole, « il ne sera pas possible de desservir ce marché, ni probablement celui des pays du Golfe », avait déclaré le président de Maroc-Citrus. Ce qui va se traduire par un manque à exporter de l’ordre de 15% du volume global.
Pour ce qui est du marché russe, qui absorbe habituellement 35% des exportations d’agrumes marocains, il est envisagé le recours aux bateaux frigorifiques conventionnels par palettisation. Et ce, bien que ce mode de transport maritime ait également flambé de 20%.
Pour éviter une perte de parts de marchés, et même un effondrement des exportations, le chef de file de la filière agrumicole avait plaidé pour un plan de sauvegarde, assorti d’une aide financière compensant la hausse des coûts logistiques.
Des fondamentaux performants
Pour le moment, les chiffres de la campagne 2021-2022 restent performants. La production attendue devrait s’élever à 2,5 millions de tonnes, dont 650.000 tonnes destinées à l’exportation.
Si les perturbations liées au transport sont quelque peu jugulées, l’interprofession table sur un volume d’export de petits fruits de l’ordre de 520.000 tonnes. Pour ce qui est des oranges, il est prévu d’expédier 130.000 tonnes sur une production totale de 1,72 million de tonnes.
Dans le détail, les exportations des variétés Clémentine et Nadorcott devraient totaliser, à parts égales, 460.000 tonnes.
L’entrée massive en production de la Nadorcott atteindrait cette année un volume tout venant de l’ordre de 280.000 tonnes, dont 230.000 tonnes destinées à l’exportation.
La Nour, troisième variété de petits fruits, réaliserait un export global de 70.000 tonnes.
Au total, les exportations d’agrumes devraient s’établir durant cette campagne à 650.000 tonnes, dont 520.000 de petits fruits et 130.000 tonnes d’oranges. Ce dernier volume étant très faible par rapport à la production qui dépasse 1,7 million de tonnes en 2021-2022. Rappelons qu’il y a moins de deux décennies, le Maroc exportait plus de 300.000 tonnes d’orange et 150.000 tonnes sous forme de concentré et de jus.
Pour les professionnels, la situation de la concurrence – souvent subventionnée – sur les marchés européens des origines turque et égyptienne avait favorisé les petits fruits, aussi bien en ce qui concerne les nouvelles plantations que les exportations.
Résultat, un verger agrumicole déséquilibré par rapport à la demande des marchés et des objectifs de valorisation, se désolent de nombreux agrumiculteurs.
Source : Médias24