Selon la dernière analyse de la société immobilière internationale Savills, pour compenser complètement les importations de tomates, la surface plantée sous serre au Royaume-Uni doit augmenter de plus de 150 %.
Le rationnement récent de certains légumes à salade dans un certain nombre de supermarchés cette année a mis en évidence la vulnérabilité des britanniques à dépendre des importations pour la plupart de ces produits.
En 2022, le Royaume-Uni a importé 838 000 tonnes de légumes à salades (tomates, poivrons, concombres et laitues), dont 85 % provenaient de trois pays : les Pays-Bas, l’Espagne et le Maroc.
La dernière analyse de Savills, publiée dans son Spotlight on controlled environment horticulture, examine si la crise de l’approvisionnement pourrait être le catalyseur nécessaire à un investissement majeur en serres High-tech. En effet, le manque de légumes à salades dans les rayons des supermarchés a attiré l’attention du public sur l’origine des denrées alimentaires britanniques et sur la manière de garantir la sécurité alimentaire du pays à l’avenir. Les chaînes d’approvisionnement des supermarchés devront alors adopter une pratique d’approvisionnement plus centrée sur le Royaume-Uni.
Outre les défis récents de la chaîne d’approvisionnement, de nombreux facteurs poussent à la prise de décision en faveur de méthodes de production alimentaire plus efficaces et plus technologiques au Royaume-Uni, notamment la politique, la main-d’œuvre, l’alimentation et la santé des consommateurs, et le climat.
Le livre blanc sur la stratégie alimentaire publié l’année dernière promettait une stratégie de suivi pour l’horticulture en Angleterre, notamment en mettant l’accent sur la fourniture de serres ; afin de parvenir à un approvisionnement alimentaire résilient.
Il est clair que la politique actuelle du gouvernement se tourne vers l’horticulture de haute technologie. La stratégie alimentaire fait également état de l’aspiration à l’obtention d’un visa de travailleur qualifié pour permettre aux professionnels qualifiés d’apporter leur expertise au Royaume-Uni, ce qui pourrait réduire le besoin de main-d’œuvre saisonnière compte tenu de l’accent mis sur l’automatisation.
Les systèmes d’horticulture en milieu contrôlé sont un moyen de se prémunir partiellement contre le changement climatique et ses conséquences, comme celles qu’ont connues récemment l’Espagne et le Maroc. Les systèmes de haute technologie permettent également de se prémunir contre les effets négatifs sur l’environnement, tels que l’importation de produits en provenance de pays où l’eau est rare.
Une nouvelle génération de serres physiquement plus grandes que les structures existantes sera nécessaire pour que le Royaume-Uni se rapproche de l’autosuffisance en matière de légumes à salade. Le défi actuel est l’inflation des prix de l’acier et du verre. Selon CambridgeHOK, un entrepreneur spécialisé dans la construction de serres, les coûts du verre et de l’acier ont augmenté de 10 à 20 % au cours des six premiers mois de 2022. Cependant, l’analyse de Savills suggère que la demande de produits cultivés dans des serres ne devrait pas diminuer.
Actuellement, une moyenne de 820 hectares de légumes salades protégés sont plantés par an au Royaume-Uni. Pour compenser les importations de tomates, la surface plantée au Royaume-Uni doit augmenter de plus de 150 %. Pour que les tomates cultivées au Royaume-Uni compensent les importations et contribuent à ce que les adultes atteignent leurs cinq fruits et légumes par jour dans la même mesure qu’elles contribuent aux taux de consommation actuels, cette superficie plantée doit augmenter de 222 %.
L’augmentation exponentielle des coûts de l’énergie constitue un autre obstacle majeur au développement du secteur. Ce facteur, ainsi que les défis liés au Brexit, encouragent certains producteurs basés aux Pays-Bas à envisager des investissements au Royaume-Uni.
Les recherches de Savills suggèrent que les coûts du centre énergétique représentent près de la moitié (44 %) du prix de l’unité autonome de la serre. Jusqu’à présent, l’horticulture n’a bénéficié d’aucune subvention énergétique spécifique pendant la crise actuelle. Une solution pour les investisseurs dans le secteur serait l’approche de partenariat, qui s’appuierait sur la colocalisation avec des sources de chaleur résiduelle afin d’obtenir une énergie moins chère et de conserver une image positive de l’environnement.
Source : Savills