Face aux problématiques du marché des agrumes, la diversification des variétés utilisées peut s’avérer une solution pertinente. La filière a besoin aujourd’hui de gagner en productivité et en compétitivité, et de différencier son offre pour pallier les défaillances du marché.
De nouvelles variétés d’agrumes et de porte-greffes développés par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) ont été présentés aux professionnels de la filière, au cours d’une conférence qui a eu lieu le jeudi 16 décembre au Centre régional de recherche agronomique (CRRA) de Kénitra.
Cette filière a réalisé un bond considérable grâce au Plan Maroc vert, passant de 85.000 ha de superficie plantée en 2008 à 129.000 ha en 2020 (un objectif de 105.000 ha était initialement prévu) ; et de 1,3 million de tonnes en volume de production en 2008 à une moyenne de 2,4 millions de tonnes actuellement.
Aujourd’hui, elle est victime de son succès puisque ces volumes excèdent largement le besoin du marché local, qui lui n’est estimé qu’à 1,7 million de tonnes annuellement. Or, le produit national reste peu compétitif à l’export, surtout face à la concurrence de l’Égypte et de la Turquie.
Ces nouvelles variétés développées pourraient contribuer à un meilleur rendement, et surtout à une meilleure différenciation pour s’adapter aux besoins du marché.
Aujourd’hui, la production nationale est dominée par les variétés saisonnières (soit précoces, soit tardives), ce qui la rend difficilement commercialisable à des prix intéressants.
D’autres variétés développées par l’INRA ont la particularité d’être pigmentées (sanguines). Celles-ci sont particulièrement demandées sur le marché, grâce à leurs propriétés antioxydantes. Le volume de jus (en proportion) est aussi un critère important. Ainsi certaines variétés proposées offrent un meilleur rendement en jus.
La culture des agrumes est présente dans plusieurs régions du Maroc, dont le Souss-Massa (31% de la superficie nationale), le Gharb (20%), le Moulouya (17%), le Tadla (13%) et le Haouz (13%). L’objectif était aussi de développer des variétés adaptées au sol et aux conditions climatiques de chacune de ces différentes régions.
Hamid Benyahya, directeur de recherche au CRRA de Kénitra, nous apprend que le processus de développement de nouvelles variétés est très long, pouvant atteindre 12 ans en moyenne. Pour les porte-greffes, la moyenne est de 17 ans. Les résultats présentés aujourd’hui sont donc le fruit d’un travail de longue haleine.
Hassan Zouhri, directeur de la Fédération interprofessionnelle des agrumes (Maroc Citrus), a, quant à lui, indiqué que le souhait de la fédération était de stabiliser les superficies plantées en agrumes au chiffre actuel de 129.000 ha, et de concentrer les efforts sur le renouvellement des vieux vergers et la reconversion variétale.
Maroc Citrus propose aussi pour soutenir la filière d’instaurer une « prime à l’écrasement, ce qui encouragerait une partie de la production de partir à la transformation en jus, et aurait pour conséquence de contribuer à équilibrer l’offre et la demande locale, et de ramener ainsi le prix du fruit à un niveau plus rentable ».
Hassan Zouhri a également rappelé que les options à l’export étaient très limitées, sachant qu’il est difficile de concurrencer l’Égypte, notamment sur les prix des oranges. Toutefois, le Maroc arrive à exporter aujourd’hui près d’un demi-million de tonnes par an, après avoir culminé en 2018-2019 à plus de 700.000 tonnes.
Les principaux marchés à l’export sont la Russie (40%), l’Union européenne (30%), le Canada (12%) et les États-Unis (8%). Le marché africain ne représente aujourd’hui que 5% des exportations des agrumes marocains. Il offre néanmoins de grandes perspectives de croissance, puisqu’il a été multiplié par cinq en l’espace de quatre ans.
Source : Médias24
Voici deux vidéos de Médias 24 de la journée organisée au CRRA de Kénitra :