Figues de Barbarie et cochenille la lutte continue..

Visiblement la cochenille du cactus continue de sévir malgré l’ambitieux programme de lutte, mené par les autorités en charge de la protection des végétaux. Pour preuve, la rareté, voire l’absence de la figue de barbarie sur certaines plateformes de distribution.

En cette période qui coïncide avec l’arrivée à maturité de ce fruit, hautement prisé par les diabétiques, les vendeurs ambulants (charrettes) font également défaut.

Quelle explication à la situation, sinon la persistance et la propagation de l’insecte ravageur, la cochenille farineuse qui a envahi le pays depuis 2015 ? Au départ limité aux régions du centre et du sud, l’insecte a gagné récemment le nord du pays.

Selon de nombreux témoignages, des agriculteurs de la région de Tanger-Tétouan ont été obligés de brûler leurs plantations de cactus, suite aux attaques de la cochenille.

L’infestation est probablement due à l’utilisation de plants ou semences provenant de zones déjà touchées mais aussi du fait de la circulation de moyens de transport et de la manipulation des fruits, d’une région contaminée à une autre, considérée saine.

Quoi qu’il en soit, les dégâts risquent de s’avérer lourds pour des petits agriculteurs qui en tirent l’essentiel de leurs revenus.

Ceux qui ont procédé à l’arrachage et l’incinération des figuiers de barbarie sont dans l’attente de l’entrée en production des nouvelles plantations; ce qui se traduit par un manque à gagner exorbitant pour la masse des petits producteurs. Contacté par nos soins, l’ONSSA nous a affirmé que 20.000 ha devraient être plantés en figuiers de barbarie dans la période 2021-22.

A noter que les cochenilles farineuses se développent par temps chaud et sec. En effet, les chaleurs favorisent leur multiplication sur les raquettes, les tiges et les fruits. Les pertes liées à la production vont de 5 à 20% si l’insecte est maîtrisé, mais elles peuvent atteindre 100%, en l’absence de mesures de prévention ou de lutte chimique, voire le dépérissement des plantes.

Genèse et origines

Le premier foyer s’était déclaré dans la province de Sidi Bennour en 2015. Depuis, il s’est étendu  à d’autres zones avant que le fléau ne soit pris en main à partir de 2016.

Les cochenilles «Dactylopius coccus»  sont originaires d’Amérique sud-tropicale et subtropicale et du Mexique, avant d’être introduites dans des cactus importés par l’Espagne, les Îles Canaries, l’Algérie et l’Australie.

Une fois installées sur les plantes hôtes, les cochenilles se multiplient rapidement par temps chaud et sec, et consomment la sève des raquettes, des tiges et des fruits. Leurs nymphes sécrètent sur les plantes, une substance blanche cireuse hydrophobe visible à l’œil nu, afin de se protéger de la pluie ainsi que des excès de chaleur. Selon une vidéo explicative de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (Onssa), qui date de 2016, la cochenille du cactus ne constitue aucun danger ni pour la santé humaine ni pour la santé animale. Les figues de Barbarie peuvent donc être consommées normalement.

En l’absence de lutte appropriée, l’insecte peut détruire entièrement la plante.

Au cours du mois de mars dernier, 8 variétés de cactus résistantes à la cochenille, à partir d’une collection appartenant à l’Inra, ont été identifiées. Il s’agit de: Marjana, Belara, Karama, Ghalia, Angad, Cherratia, Akria et Melk Zhar.

Mis en place par le ministère de l’Agriculture, un programme de recherche avait en effet été lancé pour la sélection de variétés résistantes et la mise au point de produits de traitement de la cochenille de cactus.

Le programme a été mené au niveau de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) en partenariat avec les ORMVAs, les DRA, l’Onssa et l’Onca. Les efforts mis en place dès 2016 ont porté sur trois axes principaux de lutte: la lutte biologique, les biopesticides et la sélection de variétés de cactus résistantes à la cochenille. L’infrastructure correspondante a été installée sur une superficie de 4 ha à la station de mise en valeur agricole de l’ORMVA du Doukkala à Zemamra.

« Après vérification de la stabilité de leur résistance, les huit variétés identifiées ont été inscrites par l’Onssa au catalogue officiel des espèces et variétés végétales au Maroc. A partir des 4 hectares de base établis à Zemamra, un parc à bois a été établi sur 20 ha à la station Khmis Metouh de l’ORMVAD. Ainsi, des dizaines de milliers de plantules de cactus multipliées en sachets ont été produites et servi à l’établissement de plateformes pour ce matériel (parcelles de duplication des 8 variétés). Les plantations commenceront dès le printemps 2021 dans le cadre de l’agriculture solidaire », explique un communiqué du ministère.

Les parcs à bois établis sont l’objet d’une certification de l’Onssa, et serviront à produire les plantules pour accompagner la relance de la filière par le ministère dans le cadre de la nouvelle Stratégie agricole du Maroc « Génération Green ». L’objectif est de reconstituer les vergers de cactus décimés par la cochenille et l’extension de la culture au niveau de plusieurs régions du Royaume.

Au Maroc, la superficie des plantations de cactus est passée de 50.000 ha en 1998 à près de 150.000 ha en 2018, pour un objectif de 160.000 ha et une production d’environ 2 millions de tonnes en l’an 2020. Les chiffres actuels ne sont pas disponibles.

Source : medias24

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