Disparition des abeilles, éclairage de Julia Tatin

Cela fait plusieurs jours que les médias publient en « Une » des articles sur un sujet qui touche cruellement le monde apicole marocain : la disparition des abeilles. 

Ce phénomène, identifié comme le « syndrome d’effondrement des colonies », n’est pourtant pas nouveau. Les apiculteurs et les professionnels y sont confrontés depuis des années. Mais jamais il n’avait atteint une telle ampleur. Et si les causes s’expliquent, on ne sait toujours pas où vont les abeilles.

Plusieurs facteurs peuvent en être à l’origine :

  • Climatique (sécheresse, froid, chaleur extrême, Cherguis à répétition…) 
  • Environnemental (produits phytosanitaires) ; 
  • État sanitaire des ruchers (maladies) ;
  • Pratiques apicoles (méconnaissances techniques…)

Climatique

Un climat qui n’est pas habituel (température extrême, pas de pluie, pas de froid) dérègle le comportement des insectes vivant en harmonie avec la nature depuis des millénaires. On constate cette année que le pollen, la nourriture des abeilles, se fait rare.

Environnemental

L’usage des pesticides dans l’agriculture entraîne une disparition de la diversité des espèces, une attaque neurologique des abeilles et une dégradation de l’état sanitaire des ruches.

Etat sanitaire des ruchers

Conséquence des multiples maladies : parasitaires (varroa destructor, parasite venu d’Asie), virales (couvain sacciforme), fongiques (nosémose), bactériennes (loques américaine et européenne), les ruchers déclinent.

  • Il existe peu de produits curatifs sur le marché marocain.

Pratiques apicoles

En théorie, une ruche atteint son potentiel en trois ans. Mais il faut noter que l’apiculture traditionnelle s’est transformée ces dernières années en élevage intensif. La surdivision des ruches pendant l’essaimage (pratique consistant à obtenir une nouvelle ruche à partir d’une ancienne) et les mauvaises pratiques en termes de nourrissement (solution trop concentrée en sucre voire en sucre caramélisé pour donner la couleur foncée au miel) font que la ruche est devenue un consommable qui se change chaque année.

Un apiculteur traditionnel perd en moyenne entre 30 et 50% de ses ruches chaque année. Ajouté au dérèglement climatique et aux mauvaises pratiques environnementales (ex. pesticides), jusqu’à 100% en ce moment.

Face à cette situation, les apiculteurs désemparés, détournent de leur usage des antibiotiques destinés aux élevages avicoles, s’abstiennent d’intervenir en considérant que les abeilles doivent se « débrouiller » par elles-mêmes et les gavent de sucre blanc.

Toutes ces raisons affaiblissent des ruchers et les abeilles ne trouvent plus les ressources pour lutter…

Mais les bonnes pratiques apicoles, c’est comme respecter une recette, le secret c’est de savoir bien doser. Le nourrissement oui mais pas seulement avec du sucre blanc et à certaines périodes de l’année pour accompagner les abeilles.

Pour rappel près de 90% des espèces de plantes à fleurs et 75% des espèces de plantes cultivées doivent être pollinisées par les insectes dont 80% sont des abeilles sauvages ou domestiques. 

Mais où vont les abeilles ?

Comment un rucher en pleine activité peut-il en une semaine voir disparaître toutes les abeilles… abandonnant miel, provisions, laissant les ruches propres…

Et cela se constate au Maroc au milieu des plaines cultivées du Souss ou du Gharb, ainsi que dans les zones reculées d’Azilal et Zagora… Ce constat est le même dans le monde entier… Comment en quelques décennies d’immenses populations d’insectes se sont éteintes, menaçant toute vie sur terre ? Aucun cadavre n’est retrouvé dans ces ruches fantômes…

N’est-ce pas un signe suffisamment alarmant pour justifier plus que quelques lignes dans un éditorial ?

Mais l’essentiel c’est de sauver les abeilles ? Que faire ? Comment faire ? Réduire l’usage des pesticides, rétablir des habitats de biodiversité, ralentir le réchauffement climatique… ? Et à notre niveau, comment aider aujourd’hui l’apiculteur pour ne plus perdre son rucher ?

Personnellement, j’agis de deux façons pour y parvenir, en le formant à de meilleures pratiques apicoles, comme il le revendique et en lui proposant des complexes d’huiles essentielles naturelles, pour renforcer le système immunitaire des abeilles et leur donner une vraie chance de lutter contre la dégradation de leur écosystème.

Les médias mettent principalement en avant les causes. Les professionnels ont un temps d’avance pour avoir mis en place des solutions pour aider et former les apiculteurs et les agriculteurs qui ont besoin de ruches fortes pour polliniser leurs cultures :

  • Mise en place de ruches connectées pour intervenir en temps réel avec la MAScIR ;
  • Développement de partenariats avec des sociétés de revêtement pour renforcer les ruches face au dérèglement climatique.
  • Promotion de nouveaux produits naturels biologique à base d’huiles essentielles pour accompagner les ruches tout au long de l’année, booster les ruchers et traiter les maladies.

Les médias doivent nous apporter encore plus leur aide en faisant connaître ces solutions et en promouvant nos actions, en vulgarisant les bonnes pratiques, nous permettant de nous connecter pour échanger, partager.

Un de mes auteurs préférés Boris Cyrulnik, parle de résilience. Notre force c’est cela. Savoir tout surmonter et ne pas s’arrêter à la fatalité. Nous le devons bien aux abeilles qui nous alarment aujourd’hui sur ce que la terre est en train de subir.

Auteure de l’article : Julia Tatin

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