Infestation par le ToBRFV (à gauche) et Nécrose sur les calices (à droite) (photo de LWK NRW)
Le virus du fruit rugueux brun de la tomate (ToBRFV) a été identifié pour la première fois au Moyen-Orient en 2014. Il constitue désormais une menace pour tous les producteurs où qu’ils se trouvent. Le virus ne fait aucune distinction entre les cultures conventionnelles et biologiques. En cas de contamination, les producteurs doivent nettoyer et désinfecter l’ensemble de leurs serres, maintenir de bonnes pratiques d’hygiène afin d’éviter toute recontamination. Cependant, beaucoup n’y parviennent pas, en effet, plusieurs infections récurrentes ont été signalées.
L’épidémie de ToBRFV a incité deux consultants en cultures biologiques : Aldo van Os et Mark Velders de The Conscious Farmer (TCF) à développer un protocole de prévention pratique. Ils ont aussi chercher à comprendre pourquoi le virus est capable de se propager si rapidement et sur une si grande échelle.
Les deux consultants ont cherché des expériences concrètes dès l’apparition du virus. Ils considèrent que les protocoles de prévention qui ont rapidement vu le jour étaient souvent trop théoriques et difficiles à appliquer pour les producteurs.
Les conseillers du TCF ont collaboré avec une consultante allemande. Ensemble, ils ont pu développer un protocole de prévention facilement applicable pour les producteurs en agriculture biologique.
Un document complet très pratique a été par la suite élaboré. Il comprend une liste simple d’agents de nettoyage et de désinfectants autorisés en agriculture biologique ainsi que des instructions sur comment et où les utiliser.
Identification des causes
Un producteur en agriculture biologique a partagé avec les consultants son expérience suite à l’infection de deux de ses serres par le ToBRFV.
L’infestation était faible mais persistante. Le protocole TCF a été utilisé sur les deux sites du producteur. Dans l’un le virus a disparu, alors que dans l’autre le virus est réapparu plus fort qu’avant.
Les consultants du TCF ont émis différentes recommandations, par exemple :
- Le nettoyage mécanique de la serre, qui correspond à la première étape essentielle du protocole, devrait se faire à fond.
- Les désinfectants et les agents de nettoyage ne devraient pas être mélangés mais utilisés séparément afin d’éviter l’effet neutralisant d’un agent sur un autre.
- La désinfection du système de drainage devrait être améliorée. En effet, tous les compartiments de la serre sont connectés à ce système. Une désinfection inadéquate du système d’évacuation des eaux ne va pas permettre d’éliminer le virus, qui pourra se propager largement de nouveau.
En plus de la désinfection et de la prévention, le marché se concentre actuellement fortement sur la recherche de la résistance aux maladies. On se demande aujourd’hui s’il existe un lien entre la présence de virus et le développement de la sélection variétale. Sachant qu’une grande partie de la résistance aux nouveaux virus se trouve dans les anciennes variétés sauvages.
Parmi les causes possibles aussi, l’intensification des cultures aussi bien biologiques que conventionnelles ainsi que la mondialisation du commerce. Il y a cinquante ans, les serres étaient plus petites, le commerce était localisé et les virus se propageaient moins vite.
D’après les études et les observations scientifiques, les tobamovirus (dont le ToBRFV fait partie) peuvent survivre sur du matériel végétal sec pendant des décennies. Récemment, il a été découvert que dans un sol sain et suffisamment humide, le virus ne survit pas plus d’un mois. Ce qui est particulièrement intéressant pour les producteurs en agriculture biologique.
En attendant de trouver la véritable cause de l’apparition du virus, il n’y a pas d’autres solutions que de garder les serres propres, le sol ou le substrat sains, de choisir des plants plus résistantes et de diviser les serres en compartiments pour minimiser le risque financier d’une infection virale.