Le cobalt est un nutriment sous-estimé et sous-utilisé. Une mauvaise gestion de cet élément peut pénaliser le rendement et/ou la conservation.
Lorsque les plantes contiennent des niveaux adéquats de cobalt, la production d’éthylène est inhibée (1). Le Cobalt est connu pour favoriser l’élongation, l’expansion des feuilles et l’ouverture des crochets dans les parties excisées des plantes en réponse à l’application d’auxines ou de cytokinines. Comme l’éthylène est connu par ses effets sur certains aspects des cultures à savoir la croissance, l’élongation des nœuds et l’accélération de la sénescence, il est suggéré que le Cobalt exerce son effet promoteur, au moins en partie, en inhibant la formation d’éthylène (1).
En effet, une recherche scientifique a été réalisée en collaboration avec un producteur de haricots verts biologiques, au cours de la première saison, les rendements sont passés d’une moyenne de 9.5 tonnes par Ha sur les quatre premières années à plus de 25 tonnes par Ha. Une augmentation de rendement de presque 3 fois. Bien que tous les autres nutriments aient également dû être bien gérés (et l’ont été, en utilisant un bon suivi nutritionnel par les analyses), On peut attribuer une grande partie de l’augmentation de rendement à la gestion du cobalt.
Les haricots verts fleurissent sur une longue période, mais sont généralement concentrés en différentes « vagues ». Il est fréquent que seuls les premiers et seconds lots soient dans la fourchette de taille optimale au moment de la récolte. La troisième vague est encore trop petite, mais si la récolte est retardée jusqu’à ce que la troisième vague soit assez grande, la première vague est trop mûre et les graines commencent à gonfler.
Les graines mûrissent plus rapidement en réponse à l’éthylène. Lorsque cette culture a été fournie convenablement en cobalt, cela a retardé la maturité des graines de la première vague et a permis la récolte des trois vagues de floraison dans la fourchette de taille appropriée en même temps.
L’éthylène augmente la longueur des nœuds. Lorsqu’il y a suffisamment de cobalt, les nœuds seront beaucoup plus courts. Cela signifie que les plantes restent trapues et robustes, avec plus de nœuds et qu’elles peuvent supporter la lourde charge de la culture.
L’éthylène diminue également le nombre de fleurs, de bourgeons et de fruits. Lorsque vous avez suffisamment de cobalt, il y a plus de fleurs par nœud et le nombre de fruits est plus élevé. Dans le cas du soja, on peut avoir jusqu’à 10-12 gousses par nœud (ou plus) au lieu de seulement 2-3.
Ce sont là trois facteurs importants qui contribuent à augmenter les rendements de 3 fois.
Lorsque les fruits sont stockés pendant de longues périodes, comme les pommes, l’un des défis que pose la dégradation de la qualité des fruits pendant le stockage est dû à la sénescence continue et à la production d’éthylène. Il est possible d’inhiber ce phénomène avec du cobalt, ce qui améliorera la capacité de stockage. Tout fruit ou légume qui est stocké ou expédié verra sa durée de conservation améliorée s’il contient suffisamment de cobalt.
Par ailleurs, le cobalt est nécessaire en tant que cofacteur enzymatique des bactéries rhizobium pour la fixation de l’azote. De nombreuses légumineuses ne fixent qu’une fraction de l’azote dont elles sont capables, car elles ne disposent pas d’une quantité suffisante de cobalt.
Le cobalt est l’un des éléments qui existent dans le sol dans différents états d’oxydation. Les plantes n’utilisent que la forme réduite, et la forme réduite est en quantité très limitée en raison de l’exposition historique aux herbicides et désinfectants du sol et à d’autres pratiques de gestion sur la plupart des sols agricoles. Pour cette raison, il faut appliquer la forme réduite.
Le cobalt est considéré comme un nutriment essentiel pour les plantes. Pourquoi ne pas commencer à le gérer comme s’il était aussi important que l’azote ?
1: Lau, O. L. & Yang, S. F. Inhibition of Ethylene Production by Cobaltous Ion. Plant Physiol. 58, 114-117 (1976).