Jeudi, le porte-parole du gouvernement prévoyait une baisse du prix de la tomate sur le marché intérieur « dans les 48 heures ». Les prix ont baissé. Mais par quel mécanisme? Là est toute la question.
La décision qui n’a pas été annoncée par le gouvernement et a été prise manifestement sans concertation, c’est l’arrêt total de l’exportation de tomate pendant quelques jours. Cette mesure temporaire est appliquée depuis une semaine environ selon des sources professionnelles. Elle concerne selon une autre source professionnelle, « essentiellement la tomate ronde », celle qui est énormément consommée au Maroc.
Au cours des prochains jours, les exportations reprendront mais seront limitées aux « produits et marchés déjà inclus dans des contrats fermes producteur-exportateur-importateur ».
La reprise des exportations verra, au-delà des contrats fermes, l’instauration de quotas. En l’absence de communication officielle, le sentiment est que l’objectif des autorités est d’abord la disponibilité et le prix accessible de la tomate ronde pendant le mois de Ramadan.
Une décision qui ne fait pas l’unanimité
La culture de la tomate est une problématique à part entière. Les coûts de production au Maroc sont jugés élevés par les producteurs et le marché intérieur peu rémunérateur. Le prix au stade marché de gros couvre généralement le tiers des frais réels, sachant que l’investissement requis est « très élevé ».
Au cours du mois de janvier dernier, à titre d’exemple, le Maroc a exporté 50.000 tonnes de tomates. Le prix marché de gros était à la même époque, à 1,10 DH/kg. Sans l’exportation, les producteurs auraient essuyé de lourdes pertes; ou bien le consommateur aurait payé plus cher. Déjà, on constate que les superficies emblavées en tomate ont baissé, parce que le producteur se tourne vers le plus rémunérateur.
Les dernières hausses des prix seraient générales au niveau du bassin méditerranéen après le temps frais au cours des dernières semaines. Si l’export est limité ou interrompu, c’est toute la filière qui serait menacée, selon des sources professionnelles qui rappellent la différence de prix très forte entre les marchés de gros et le stade détail, atteignant le double selon M. Khalid Saidi, président de l’APEFEL (association des producteurs et producteurs exportateurs de fruits et légumes), ce qui pose la question des circuits de distribution.
Le marché comporte grosso modo trois pôles: la production, la distribution, la consommation. Limiter l’export peut faire baisser le prix intérieur mais ce serait au détriment du producteur. La distribution semble intouchable.
Source : Médias24