Le Royaume-Uni et le Maroc veulent un tunnel pour relier le détroit à Gibraltar


Les deux pays ont signé plusieurs accords à la suite du Brexit pour améliorer les conditions d’importation sur le territoire britannique L’Espagne poursuit son projet, qu’elle prévoit de démarrer dans les années 2030 ou 2040.

Le Royaume-Uni envisage de créer un tunnel reliant Gibraltar au Maroc. Selon plusieurs médias des deux pays, les relations entre les deux nations sont très bonnes après la signature de plusieurs accords, qui se sont renforcés à la suite du Brexit, le 1er janvier. Le gouvernement dirigé par Boris Johnson est à la recherche de partenaires commerciaux et entend renforcer ses liens avec le pays d’Afrique du Nord. Et pour faciliter ce partenariat, on envisagerait un lien fixe dans le détroit, concurrent direct de celui que l’Espagne et le Maroc étudient officiellement depuis 1979, date à laquelle ont été créées deux sociétés d’études étatiques, la SNED au Maroc et la Secegsa en Espagne. Les responsables de ce dernier ont récemment rencontré plusieurs maires et représentants sociaux du Campo de Gibraltar pour expliquer que l’intention est de réaliser le projet dans les décennies 2030 ou 2040.

Dans le cadre de ce projet, qui n’a pas encore été officiellement confirmé par l’une ou l’autre des parties, le Royaume-Uni ferait usage de ses récents accords signés avec le Maroc. Il s’agit notamment de l’abolition des droits de douane sur les tomates. 25 % de ce légume et 75 % des fruits rouges consommés par le Royaume-Uni proviennent du Maroc et avec l’accord post-Brexit scellé en octobre 2019, non seulement ces relations commerciales sont consolidées, mais elles s’accroissent.

Les produits agricoles marocains peuvent remplacer les produits espagnols, portugais et italiens maintenant que le Royaume-Uni est sorti de l’UE, et ce n’est là qu’un des domaines dans lesquels les deux pays peuvent se rapprocher. Le tourisme est un autre secteur de coopération fructueuse où la liaison entre Tanger et Gibraltar pourrait être activée une fois les restrictions liées à la pandémie levées. Outre le rêve de construire un tunnel entre les deux rives de la Méditerranée, les deux pays étudient la possibilité de créer des voies maritimes pour les passagers et les marchandises et de renforcer les liaisons aériennes.

Le projet entre le Royaume-Uni et le Maroc n’est, à ce stade, qu’une déclaration d’intention face au nouveau cadre créé par le Brexit. Le travail ardu qui nous attend consiste à expérimenter et à analyser le type de connexion le plus approprié : un tunnel ou un pont. Tous ces travaux sont déjà bien avancés en Espagne et au Maroc avec une date approximative : les années 2030 ou 2040. Cela nécessiterait l’aide du secteur privé en raison du coût très élevé de sa réalisation.

Après plus de 40 ans d’études et plus d’un siècle de propositions en tout genre qui font déjà partie de l’histoire du génie civil, le projet le plus viable, selon les études réalisées par la Société espagnole d’études pour la communication fixe à travers le détroit de Gibraltar (Secegsa), est un tunnel de 38,67 kilomètres de long reliant les deux côtés du détroit entre Punta Paloma, à Tarifa, et Punta Malabata, près de Tanger.

Sur le total, 27,75 kilomètres correspondent à la section sous-marine, avec une profondeur maximale de 475 mètres et une pente de 3%. Dans cette section située sous le détroit, deux zones de brèches ont été repérées, d’une longueur totale d’environ quatre kilomètres, au sol argileux et difficile à creuser en tunnel après que les échantillons aient donné des résultats épars. Cependant, après l’étude menée par l’Université de Zurich en collaboration avec la société Herrenknecht – le plus grand fabricant de tunneliers au monde -, il a été conclu qu’il est possible de construire une machine qui traverse cette zone compliquée.

Rafael García-Monge Fernández, l’un des responsables de la Secegsa, a expliqué en mai 2018 les résultats des dernières études réalisées sur le lien fixe dans le détroit. Après avoir été clair sur l’option la plus viable, l’étape suivante serait de pouvoir compter sur une plus grande implication des administrations et des institutions. Le tunnelier destiné à relier les deux parties du détroit est évalué à 32 millions d’euros, un montant « pas très élevé » pour le type de machines concernées. Mais il ne suffirait pas d’une seule de ces machines pour réaliser le tunnel. L’idéal, selon le représentant de la Secegsa, serait d’en creuser huit, quatre de chaque côté du détroit, afin que le projet puisse être terminé dans un délai raisonnable.

Au cours des derniers mois, les responsables de Secegsa ont rencontré des représentants politiques et sociaux de Campo de Gibraltar pour les informer de la situation du projet. Dans le dernier d’entre eux, Pablo Diaz, responsable de la zone de développement socio-économique de Secegsa, a expliqué au maire de San Roque, Juan Carlos Ruiz Boix, que les travaux pourraient commencer dans les années 2030 ou 2040.

Le tunnel ne devrait pas seulement servir au transport de personnes et de marchandises, mais aussi aux télécommunications et au transport d’énergie, sachant que d’ici 2050, toute l’énergie en Europe devra être propre et que l’énergie solaire pourrait entrer en jeu, qui pourrait être produite en Afrique. Le transport électrique permettrait l’entrée de capitaux privés dans la construction du tunnel…

Le coût de cette méga-construction n’est pas encore calculé, mais comme l’a rappelé Garcia-Monge en mai 2018, un investissement de 8 milliards d’euros a été estimé, en incluant les terminaux des deux côtés. « Mais ce chiffre n’a rien à voir avec la réalité », a-t-il souligné.

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