Grâce à une mutation génétique, une mouche de type Bemisia tabaci est capable de résister aux insecticides.
L’aleurode du tabac, également appelé Bemisia tabaci ou aleurode du cotonnier, est une petite mouche blanche réputée pour les dégâts qu’elle provoque sur les cultures de patate douce, de poivron, de coton, de tabac ou encore de tomate.
Une mouche insensible aux produits chimiques
Particulièrement résistante aux insecticides, des scientifiques chinois et suisses se sont penchés sur le patrimoine génétique de l’espèce afin de comprendre son immunité face à certains produits chimiques, notamment les glycosides phénoliques, sécrétés naturellement par les plantes et toxiques pour les insectes herbivores.
L’étude publiée le 25 mars 2021 dans la revue scientifique américaine Cell a permis de montrer que l’espèce de mouches avait subi une mutation génétique grâce à un transfert horizontal de gènes entre une plante et l’insecte. En effet, après avoir séquencé le patrimoine génétique de l’aleurode, les chercheurs ont identifié un gène inconnu baptisé BtPMaT1 et présent uniquement chez des champignons, des bactéries et des plantes.
« Il est probable qu’un virus présent dans une plante ait intégré le gène dans son génome, puis qu’un aleurode ait mangé cette plante infectée. Le virus a alors transféré le gène au génome de l’insecte, puis il s’est fixé dans la population », détaille auprès de la revue Cell Ted Turlings, écologiste à l’université de Neuchâtel en Suissie.
Utiliser des cultures génétiquement modifiées pour les protéger de la mouche ravageuse ?
C’est la première fois qu’un transfert de gène est observé entre une plante et un insecte. « Ces découvertes révèlent un scénario d’évolution dans lequel des herbivores exploitent les outils génétiques de leur plante hôte afin de devenir résistants aux défenses de cette plante. Les aleurodes se sont en quelque sorte approprié la stratégie de combat de leur adversaire pour y résister, explique Ted Turlings.
Pour vérifier leurs hypothèses sur la résistance des mouches à certains produits chimiques, les chercheurs ont effectué une modification génétique sur un plan de tomates afin qu’elles produisent de l’ARN capable de neutraliser le gène BtPMaT1. « Lorsque les aleurodes se sont nourris avec ces plantes, leur mortalité a été significativement plus élevée », témoigne Ted Turlings.
Les résultats de l’étude pourront permettre d’imaginer une stratégie pour protéger les cultures de cet insecte nocif pour le secteur de l’agriculture. « Cette expérience montre notamment que nous pourrions utiliser des cultures génétiquement modifiées pour cibler les phytoravageurs », concluent les scientifiques.
Source : geo.fr