Poivron : lutte contre les thrips

Fiche technique

Le thrips (Frankliniella occidentalis) est actuellement le thrips le plus ravageur dans les cultures sous serre. On le trouve sur une grande variété de plantes et il est particulièrement nuisible dans les cultures de concombres, de poivrons, d’aubergines et de nombreuses plantes ornementales.

Il ne faut pas le confondre avec les dégâts de tétranyques sur feuilles ou avec les dégâts sur fruit du Botrytis ou des punaises

Dégâts

Les individus des stades adulte et larvaires se nourrissent en perçant les tissus des végétaux au moyen de leurs pièces buccales et en suçant le contenu des cellules végétales. À l’emplacement des cellules mortes, se forment des taches blanches ou brunes auxquelles s’ajoutent des matières fécales foncées laissées par les thrips.

Les thrips peuvent être vecteurs de virus, le plus connu étant le virus de la la maladie bronzé de la tomate.

Chez le poivron, les dommages causés par les thrips apparaissent d’abord sur les feuilles les plus jeunes dans le haut des plants. Les infestations graves réduisent la capacité photosynthétique des plants et par la suite, leur rendement. 

Dommages causés par la ponte des œufs et l’alimentation des thrips sur un poivron.

Cycle biologique

  • Six stades de développement sur la plante et au sol : œufs, deux stades larvaires, prépupe, pupe, adulte. Chacun des stades menant à l’adulte dure entre 3 et 4 jours pour un total d’environ 14 jours.
  • Les femelles peuvent vivre une quarantaine de jours pendant lesquels elles pondent entre 50 et 100 œufs sous la surface des feuilles.
  • L’optimum de température pour la reproduction est de 25 °C.

Chez le poivron, l’éclosion des œufs donne aux feuilles un aspect moucheté, le degré de moucheture correspondant au nombre d’œufs éclos. La larve passe par deux stades larvaires au cours desquels elle se nourrit et se développe sur les feuilles, fleurs et fruits.

Larves des premier et deuxième stades larvaires et adulte du thrips.

La prépupaison et la pupaison s’effectuent souvent au sol ou dans le substrat, mais la pupaison peut aussi avoir lieu sur le plant. La pupe ne s’alimente pas; ce stade est celui où les ailes et structures adultes se forment.

Pupe de thrips.

Les adultes volent avec peine, habituellement sur de courtes distances, d’une feuille à l’autre ou d’un plant à l’autre, ce qui ne les empêche pas de se disperser rapidement à la grandeur d’une serre. Les thrips adultes peuvent être portés par les vents et pénétrer dans la serre par les orifices de ventilation et les portes. À tous les stades, ils peuvent être dispersés par les vêtements des travailleurs et le déplacement de substrat, d’instruments aratoires et de plants infestés.

Méthodes de lutte

Surveillance et dépistage

La réussite de tout programme de lutte contre le thrips repose sur la surveillance des densités de population. Dans les cultures légumières, la surveillance doit débuter dès la production des plantules et se poursuivre au delà du repiquage. Pour dépister :

  • Souffler dans les fleurs dérange les thrips de sorte qu’ils se déplacent en étant visibles à l’œil.
  • Secouer légèrement les fleurs au-dessus d’un carton blanc.
  • Pièges collants jaunes (ressemble à un grain de riz); les bleus sont plus spécifiques et capturent plus de femelles. Phéromones en combinaison avec les pièges (section lutte physique).
Plaquettes collantes bleue et jaune.

Bonnes pratiques

La propreté générale de la serre est le préalable le plus important de tout programme de lutte antiparasitaire efficace. Des mesures d’hygiène rigoureuses permettent de réduire, voire d’éliminer, les infestations de thrips. Il est recommandé :

  • D’effectuer un bon ménage de la culture précédente en fin de saison et avant l’hiver.
  • À l’automne, garder la serre chauffée et sèche un certain temps pour forcer les thrips à émerger et mourir en l’absence de nourriture et d’humidité.
  • Appliquer une fine couche de chaux hydratée au sol puis mouiller pour fixer, ce qui permet de tuer les pupes qui émergent; refaire une application 2 mois plus tard pour conserver son efficacité.
  • Maintenir le pourtour des serres bien tondu; sinon les thrips se déplacent massivement vers les serres après une tonte d’herbes hautes.

Lutte biologique

Étant donné que les thrips ont développé une résistance à la plupart des pesticides homologués, la lutte biologique reste maintenant la principale stratégie de lutte contre les thrips dans les cultures de serre.

Les thrips ont un cycle de vie complexe qui comporte des stades sur les plants (feuilles et fleurs) et dans le sol (substrat), il faut donc utiliser une combinaison d’auxiliaires pour réaliser une lutte biologique efficace.

Au sol (substrat) contre les pupes :

  • Les petits acariens prédateurs Stratiolaelaps scimitus (syn. : Hypoaspis miles) actif en profondeur et Geolaelaps gillespiei actif en surface et utilisés en prévention en pépinière et à la plantation.
  • Les nématodes Steinernema feltiae.

Sur les plantes, contre les jeunes larves :

  • Amblyseius swirskii : acarien prédateur qui bénéficie du pollen abondant des fleurs de poivron, également efficace sur aleurodes.
  • Neoseiulus cucumeris (syn. Amblyseius) : un classique.

Sur les plantes contre les larves et les adultes :

  • La punaise prédatrice Orius qui profite du pollen des fleurs de poivron pour se reproduire.

Lutte physique

Un programme de lutte intégrée dans une serre peut être rapidement dépassé en cas d’arrivée massive de ravageurs, dont les thrips. ce qui complique pour le producteur la planification de ses mesures de lutte. Le producteur a donc intérêt à planifier des mesures de lutte :

  • Installation des moustiquaires pour freiner la pénétration des ravageurs dans la serre.
  • Installation de rubans ou larges bandelettes collantes jaunes (piégeage de masse).
  • Capsules à fixer sur les pièges collants pour détection précoce ou piégeage massif, soit à base d’un attractif agissant comme phéromones sexuelles d’aggrégation pour mâles et femelles spécifiquement aux thrips.

Lutte chimique

Et parce que la lutte biologique donne d’excellents résultats, il faut limiter les traitements sur foyers ou en cas de besoin.

En effet, la lutte contre le thrips par des moyens chimiques peut être difficile, car ce ravageur est résistant à la plupart des pesticides. En outre, ses larves se tiennent au fond des boutons floraux ou sur les feuilles encore repliées pour s’y nourrir. Ces caractéristiques font en sorte que le thrips est une cible difficile à atteindre par les insecticides.

Les pulvérisations doivent donc couvrir de façon homogène toutes les parties des plants. Les consignes générales à suivre dans l’emploi de pesticides pour combattre les thrips sont les suivantes :

  • Commencer les applications tôt, avant que les thrips pullulent. Il est plus facile de les combattre quand leurs populations sont faibles.
  • Bien qu’il soit important d’utiliser en alternance des pesticides appartenant à des groupes chimiques différents, il ne faut utiliser qu’un seul groupe chimique pendant la durée d’un cycle biologique des thrips. Cela veut dire qu’il faut changer de groupe chimique toutes les 2-3 semaines, cet intervalle variant selon l’époque de l’année.
  • Pulvériser les pesticides tôt le matin ou tard l’après-midi, moments où les thrips sont le plus actif et le plus susceptible d’entrer en contact avec le produit.

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