Le secteur espagnol des agrumes a radicalement changé au cours des trois dernières décennies. Et l’arrivée de capitaux privés accélère sa transformation.
En 2022, le gouvernement régional de Valence a lancé un plan global pour les agrumes afin de développer des stratégies visant à améliorer la compétitivité du secteur des agrumes valencien. L’équipe à l’origine de ce plan est composée de Lorena Tudela et Francesc Cervera, de l’Université polytechnique de Valence, et de Paco Borras, consultant et ancien directeur commercial d’Anecoop. Ils présentent ci-dessous leur analyse de l’évolution du secteur au cours des deux dernières décennies et de son orientation future.
Tout au long du XXe siècle, de grands changements ont eu lieu dans l’agrumiculture espagnole. Au cours des deux dernières décennies en particulier, l’écosystème des agrumes en Espagne a subi une transformation substantielle, tant en termes de production que de commercialisation.
En ce qui concerne la production, il convient de noter que la superficie plantée est restée globalement stable à environ 275 000 ha au cours des deux dernières décennies, bien que la productivité ait augmenté d’environ 20 %. Cette évolution est principalement due à la modernisation des exploitations et à l’adoption de variétés plus productives. Le changement le plus important dans la base de production espagnole a été le nombre d’exploitations d’agrumes, qui est passé de 184 485 à 78 023. Sur les plus de 106 000 exploitations qui ont disparu, la plupart avaient moins d’un demi-hectare. On peut donc en déduire que la taille moyenne des exploitations agrumicoles a augmenté.
La localisation géographique des exploitations a également changé, avec une diminution de la production dans la zone historiquement la plus importante – la Communauté de Valence – et l’apparition de nouvelles superficies principalement en Andalousie et en Murcie. En général, la production d’oranges et de mandarines est plus concentrée dans les régions de Valence, de Castellón et d’Andalousie, tandis que les citrons et les pamplemousses sont cultivés en Murcie et dans le sud d’Alicante.
La structure de commercialisation du secteur des agrumes a également changé. En 1994, 773 exportateurs d’agrumes étaient enregistrés, dont 641 étaient des entreprises privées – presque entièrement familiales – et 132 des coopératives. Aujourd’hui, on compte environ 220 entreprises privées et 50 coopératives.
Si l’on tient compte du fait qu’au cours de cette période la production d’agrumes a augmenté, on peut conclure qu’il y a eu un processus de consolidation et une augmentation de la taille des entreprises de commercialisation d’agrumes.
Il convient de noter que les 100 premières entreprises (privées et coopératives) gèrent à elles seules 75 % du volume de production d’agrumes en Espagne. En plus de la production nationale, elles gèrent aussi la majeure partie des 280 000 tonnes d’agrumes que l’Espagne importe chaque année, principalement de l’hémisphère sud. Ce processus de concentration a entraîné une augmentation du nombre d’entreprises fournissant des agrumes pendant 12 mois de l’année, ce qui leur donne plus de poids dans les négociations avec les grands supermarchés.
Une autre tendance notable a été la croissance de la valeur des exportations de citrons et de pamplemousses. Il y a vingt ans, les exportations d’oranges et de mandarines représentaient 85 % de la valeur des exportations d’agrumes.
Source : Fruitnet