Tout savoir sur le caroubier

Du Maroc au Proche-Orient, le caroubier est un arbre emblématique et fréquent sur le pourtour de la Méditerranée.

Le Maroc est l’un des principaux pays producteur, le caroubier y est caractérisé par une grande diversité d’habitats (semi-naturel, vergers, systèmes agroforestiers traditionnels) et une grande amplitude climatique du nord au sud du pays.

Les changements climatiques affectent la disponibilité des ressources en eau, avec une raréfaction des ressources en eau et un allongement des périodes de sécheresse. Chez les plantes, les conséquences sont une augmentation des situations de déficit hydrique, facteur majeur limitant leur croissance et développement.

La grande rusticité du caroubier, ses faibles exigences en matière de soins culturaux (faible incidence des ravageurs et des maladies), ainsi que les perspectives commerciales et sanitaires potentielles de son fruit sec, principalement la gomme de caroube, font que cette espèce peut être considérée comme une alternative de culture renouvelée pour certaines zones sèches et des zones à faibles ressources en eau.

Du fait de son intérêt écologique et économique pour le Maroc, le caroubier est une des espèces cibles du programme gouvernemental de développement de l’agriculture marocaine initié en 2008. Il est à noter que la production et les terres exploitées par le caroubier ont diminués au cours des deux dernières décénies.

Caractéristiques de la caroube

La caroube est une gousse de couleur foncée qui, par un processus industriel, est hachée pour obtenir deux produits : la pulpe (environ 90 % du poids total) et la graine ou caroube (10 %), dont les caractéristiques et les applications alimentaires sont très variées.

La pulpe est traditionnellement utilisée dans l’alimentation animale. Ces dernières années, de nombreuses études sur les caractéristiques chimiques et biologiques de ce produit ont été réalisées dans différents pays afin de promouvoir son utilisation commerciale.

En effet, on a pu mettre en évidence sa faible teneur en calories, sa très faible teneur en graisses, l’absence de stimulants (caféine et théobromine), l’apport de sucres naturels, de vitamines et de fibres alimentaires, sa faible teneur en sodium et sa forte teneur en potassium, entre autres caractéristiques.

La farine, obtenue notamment à partir de la pulpe torréfiée, est relancée en confiserie et dans la cuisine méditerranéenne et anglo-saxonne, mais aussi dans l’industrie des boissons et des sirops, etc. Ces caractéristiques peuvent qualifier la farine de caroube comme un aliment naturel, sain et local qui pourrait être utilisé efficacement comme substitut ou allongeur de la poudre de cacao dans de nombreux aliments et boissons.

La graine (ou gomme de caroube) est composée de trois éléments structurels distincts : la cuticule (15-30 %), l’endosperme (42-60 %) et le germe (19-25 %). L’endosperme est la fraction de la graine la plus appréciée sur le marché. Après broyage, il est commercialisé sous forme de « gomme de caroube » (connue aussi sous le nom de Locust Bean Gum). Il est utilisé comme additif alimentaire naturel, également appelé E-410.

La gomme de caroube est utilisée dans une large gamme de produits alimentaires comme agent épaississant, liant, gélifiant ou dispersant. Il s’agit d’un produit de base utilisé par l’industrie alimentaire pour la fabrication d’un grand nombre de produits (glaces, soupes, sauces, produits de boulangerie, etc.).

Technologie de culture

Comme dans le cas d’autres cultures ligneuses. Il est important d’entreprendre un changement variétal, avec des cultivars plus productifs ayant un bon rapport pulpe/graines, ainsi que d’améliorer les conceptions de pollinisation pour régulariser les récoltes, et d’augmenter les densités de plantation.

Aujourd’hui, les besoins industriels nécessitent des variétés mixtes avec un bon équilibre pulpe/graines, avec des rendements en caroube (ou graine) supérieurs à 15 %.

Il est donc important de sélectionner des génotypes d’intérêt potentiel adaptés aux conditions pédoclimatiques marocaines. Afin de pouvoir évaluer leurs performances agronomiques (vigueur, port, potentiel productif et tolérance aux maladies) et technologiques (rapport pulpe/graine, qualité de la pulpe et gomme de caroube), et ainsi déterminer le choix futur des variétés dans les zones de productions.

Floraison

La pollinisation est importante dans cette culture et des pollinisateurs mâles et/ou hermaphrodites sont nécessaires dans la conception de la plantation. Le processus de transfert du pollen des étamines au stigmate est effectué à la fois par les insectes et par le vent.

La période de floraison des variétés femelles est très longue (septembre-novembre), c’est pourquoi il est conseillé d’utiliser différentes variétés pollinisatrices. Dans les plantations modernes en Espagne par exemple, où on assiste à un réinvestissement dans la culture de la caroube, il est préconisé en terme de densité de répartir environ 12 % des arbres (un pollinisateur entouré de 8 femelles).

La grande majorité des plantations de caroubiers reçoivent très peu de soins culturaux, de sorte que leur production pourrait être considérée comme biologique, mais le marché et les consommateurs exigent une certification officielle.

Au Maroc, les nouvelles plantations ont lieu généralement en février-mars sur un terrain bien préparé. L’utilisation de matériel de plantation de qualité permet de standardiser la plantation et de réduire la période improductive du caroubier.

A titre informatif, en Espagne, les cadres de plantation utilisés tendent à être réduits afin d’intensifier quelque peu la culture. Il y est recommandé de faire des densités de 150 à 200 arbres/ha, soit des cadres larges d’environ 8 x 7 et 10 x 7 mètres, compte tenu de la vigueur et de la longévité de l’espèce, des caractéristiques des terrains où elle est habituellement cultivée.

La taille du caroubier

Le caroubier n’est pas très exigeant en matière de taille, contrairement aux autres arbres fruitiers, qui nécessitent une taille annuelle. Ceci est principalement dû au fait que sa fructification a lieu sur du vieux bois, âgé de plus de trois ans.

Une légère taille de formation est toutefois recommandée pendant les premières années, afin d’avancer l’entrée en production. Seules les pousses et les branches basales basses doivent être enlevées. Chez certaines variétés peu ramifiées, les pousses terminales doivent être pincées pour induire la ramification. Chez les arbres matures, l’élagage est généralement effectué avec parcimonie et se fait par grandes séquences, tous les 3-4 ans, en éclaircissant et en supprimant les branches sèches à l’intérieur de la canopée, favorisant ainsi la pénétration de la lumière et régulant la récolte annuelle.

Entretien du sol

En ce qui concerne l’entretien du sol, le travail mécanique du sol doit être peu profond, pas plus de 15-20 cm, afin de faciliter l’exploration du système racinaire dans les couches les plus fertiles du sol. Trois ou quatre opérations de désherbage sont généralement effectuées pour éliminer les mauvaises herbes.

Irrigation

Dans les pays producteurs de caroubier, les nouvelles plantations sont souvent irriguées à l’aide du système de goutte à goutte avec des stratégies d’irrigation déficitaire. Dans les jeunes plantations, il est recommandé de faire une irrigation de soutien pour favoriser la croissance végétative et l’entrée en production. Pour les arbres adultes les doses doivent tenir compte du volume de leur couronne et de leur niveau de récolte. L’irrigation doit se faire de préférence entre les mois d’avril et de juillet.

En effet, deux processus phénologiques importants ont lieu pendant cette période : l’induction florale et la croissance-maturation des fruits. Une bonne gestion de l’irrigation permettra d’avoir un développement végétatif important, un rendement accru et un poids de fruit élevé.

Fertilisation

En matière de fertilisation, la bibliographie peu abondante met en évidence les effets bénéfiques de la fertilisation azotée sur la végétation et l’augmentation de la production, le caroubier étant une légumineuse arboricole.

Dans les plantations commerciales avec des rendements moyens d’environ 50-100 kg/arbre, on recommande des doses approximatives par hectare d’environ 50 kg de N, 20 kg de P2O5 et 50 kg de K2O. L’azote est épandu principalement entre le printemps et le début de l’automne. Le potassium doit être appliqué entre fin mai et juin pour améliorer la qualité des fruits. Il est aussi important d’effectuer des analyses du sol et du feuillage pour mieux ajuster le plan de fertilisation.

La récolte a lieu manuellement à partir du mois d’avril jusqu’au mois de septembre, selon les variétés et les régions. Cette opération est en cours de mécanisation dans certains pays producteurs comme l’Espagne.

Potentiel de production

Le caroubier est traditionnellement considéré comme une espèce dont l’entrée en production est lente, bien que des différences variétales aient été observées dans le nouveau germoplasme sélectionné dans le pourtour méditerranéen.

Les écotypes hermaphrodites se distinguent par une entrée en production plus rapide que les cultivars femelles. Des pratiques culturales ont permis d’avancer l’entrée en production de variétés femelles, comme une taille légère, une irrigation occasionnelle, une bonne pollinisation, de meilleurs soins culturaux et avec des densités de 100-150 arbres/ha.

La forte productivité des plantations modernes par rapport aux plantations traditionnelles est observée clairement au niveau des rendements moyens obtenus.

L’un des principaux problème actuel pour la promotion de la culture au Maroc, est principalement dû à la pénurie de pépinières commerciales, ce qui entraîne une offre limitée de plants greffés sur le marché.

Voici un document fort intéressant de M. Sbay du Centre de Recherche Forestière, sur le caroubier au Maroc.

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