Le tomato brown rugose fruit virus (ToBRFV) représente actuellement l’une des menaces les plus importantes pour la culture de la tomate dans le monde. Sa transmission se fait principalement par contact entre les plantes et les surfaces infectées, et un seul cas de transmission mécanique par des arthropodes a été rapporté.
Un groupe de chercheurs de l’université de Palerme, a publié récemment un article intitulé « Le ravageur invasif de la tomate Tuta absoluta peut transmettre le virus du fruit rugueux brun de la tomate». L’article présente les résultats d’une étude menée en laboratoire où il a été démontré que l’insecte clé de la culture de la tomate, le Lépidoptère Tuta absoluta, est capable de transmettre le ToBRFV, qui représente aujourd’hui le virus le plus dangereux pour les cultures de tomates en milieu protégé.
Dans l’étude, les chercheurs visent à évaluer le rôle de Tuta absoluta, un ravageur envahissant de la tomate, dans la transmission du ToBRFV. Des tests de laboratoire ont démontré la présence du ToBRFV dans des papillons adultes obtenus à partir de larves développées sur des plantes infectées par le ToBRFV. Les adultes infectés de T. absoluta étaient capables d’infecter des plants de tomates sains.
Afin d’évaluer si la présence du ToBRFV sur les adultes de T. absoluta était interne ou externe aux pupes, en tant que résultat de l’alimentation des larves sur des plantes infectées, les pupes obtenues à partir de larves nourries sur des plantes infectées ont été désinfectées extérieurement et ensuite analysées pour la présence du ToBRFV par RT-qPCR. Les adultes obtenus à partir de pupes désinfectées et non désinfectées ont également été analysés. Les adultes et les pupes étaient tous deux positifs pour le virus, ce qui suggère sa présence sur la surface interne de l’exuvie des pupes.
La microscopie électronique, les analyses par western blot et le test biologique sur l’hémolymphe ont montré l’absence de virions du ToBRFV et de la protéine d’enveloppe virale dans l’hémolymphe prélevée sur des pupes désinfectées, ce qui démontre que le ToBRFV n’est pas circulant dans la descendance des adultes de T. absoluta obtenus à partir de larves nourries dans des plantes infectées, mais que les adultes ont probablement été contaminés pendant leur émergence, en raison de la présence du virus sur la surface interne des exuvies des pupes.
Selon les chercheurs, cette étude ajoute un nouvel élément aux paradigmes consolidés de l’entomologie sur les insectes vecteurs, qui appartiennent généralement à des espèces se nourrissant de sève. Dans ce cas, cependant, la transmission mécanique par Tuta absoluta de l’inoculum primaire du ToBRFV pourrait s’expliquer par l’action des adultes infectés, probablement dus à de petites lésions provoquées par eux sur la surface des feuilles de la tomate, ou à des blessures produites par les larves. lors de leur pénétration ou lors de leur activité alimentaire à l’intérieur des feuilles. De plus, le virus en question a la capacité, par contact, de se transmettre d’une génération à l’autre.
Cette étude démontre pour la première fois que Tuta absoluta peut transporter un inoculum primaire infectieux du ToBRFV. La grande mobilité de cet insecte, ainsi que les différents modes de transmission du virus, suggèrent le rôle épidémiologique potentiel de T. absoluta dans la dissémination du ToBRFV et de sa persistance dans les cultures de tomates entre un cycle de production et le suivant.
Cette étude ouvre également la voie à de nouvelles recherches dans le domaine de l’épidémiologie et de la transmission des agents pathogènes, tant pour les organismes végétaux que pour les organismes animaux, y compris les humains.
L’article a été publié dans le revue scientifique « Entomologia Generalis ».