Le gouvernement a décidé de ne plus accorder d’aides à l’irrigation localisée d’avocats, de pastèques et des nouvelles plantations d’agrumes. Une exception : le renouvellement des vergers par la même espèce, selon l’information récemment communiquée par le ministre de l’Agriculture.
En vigueur depuis le 11 juillet 2022, cette mesure vient d’être confirmé par le ministère de l’Agriculture. Lors de sa rencontre, le 20 septembre dernier, avec Jesko Hentschel, directeur de la région Maghreb et Malte de la Banque mondiale, le ministre de tutelle, Mohammed Sadiki, avait déjà annoncé “la fin des incitations accordées aux nouveaux producteurs d’agrumes”.
L’annonce a été officialisée et complétée via l’arrêté conjoint n°1323.22, signé par Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, et Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès de la ministre de l’Economie et des finances, chargé du Budget. Le ministère de l’Agriculture assure que l’objectif est de stopper la hausse des superficies agricoles gourmandes en eau.
A l’occasion d’une rencontre de l’Alliance des économistes istiqlaliens, ce mercredi 28 septembre à Casablanca, Nizar Baraka, ministre de l’Equipement et de l’eau, a quant à lui indiqué que cette décision faisait partie “des ajustements opérés dans la stratégie Génération Green (2020-2030), relatifs à la contrainte du manque d’eau”.
Des cultures très consommatrices en eau
Les incitations en question couvrent un champ très large : creusement de puits, acquisition de matériel (notamment de pompage), aménagements de bassins de stockage ou de circuits de distribution d’eau, équipement de goutte à goutte…
Les cultures d’agrumes (82.000 ha), d’avocats (7.000 ha) et de pastèques (81.549 ha) consomment une importante quantité d’eau. Pour chaque hectare de pastèques, il faut compter 6.000 m³ d’eau douce et de 9.000 à 12.000 m³ pour produire un hectare d’avocats. S’agissant des arbres d’agrumes, leur besoin en eau est compris entre 3.000 et 9.400 m³/ha, selon l’âge et l’agrume cultivé.
Cette décision est donc une petite révolution dans le secteur agricole national, qui a pour objectif d’enrayer l’augmentation des cultures gourmandes en eau. Mais dans la région de Zagora par exemple, où les plantations de pastèque sont répandues, cette décision n’aura pas un grand impact. “Le développement de la filière de la pastèque n’est plus aussi soutenu qu’il y a des années. Le marché est saturé et ne séduit plus les investisseurs”, selon une source de l’Office régional de mise en valeur agricole de Ouarzazate (ORVMAO).
Les cultures de caroubier encouragées
La décision prise par le gouvernement entre dans le cadre de l’adaptabilité du secteur agricole aux conséquences du réchauffement climatique, dont le stress hydrique.
A cet effet, le ministre de l’Agriculture a annoncé d’autres mesures, dont le développement de la filière du caroubier – une priorité, selon lui. “Notre objectif est d’atteindre 100.000 ha de caroubier d’ici à 2030, à travers des incitations réservées aux investisseurs.”
Actuellement au Maroc, environ 30.000 ha de caroubier s’étendent sur les plaines et les montagnes du Rif, du Moyen Atlas, du Haut Atlas et de l’Anti-Atlas.
Cet arbre à la longévité considérable – jusqu’à 200 ans – est cultivé pour son fruit, la caroube. En pleine production, un caroubier peut fournir entre 300 et 800 kg de caroubes par an. En plus du miel de caroubier, extrêmement nourrissant, les gousses de caroube sont utilisées pour l’alimentation animale. La gomme de caroube est, quant à elle, utilisée dans la production des boissons, des glaces, des fromages à tartiner, du lait en poudre pour nourrissons et dans la boulangerie.
Source : Médias24